Le message du pasteur sur

 Romains 9 : 14-24  

8e dimanche après la Trinité

 

14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Loin de là ! 15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. 16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l'Écriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. 18 Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. 19 Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? 20 O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d'argile dira-t-il à celui qui l'a formé : Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? 21 Le potier n'est-il pas maître de l'argile, pour faire avec la même masse un vase d'honneur et un vase d'un usage vil ? 22 Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, 23 et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire ? 24 Ainsi nous a-t-il appelés, non seulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les païens.

 

Quand on examine le destin du peuple d'Israël, on est devant un grave problème qui n'est pas sans soulever de grandes objections. Le problème est le suivant : Dieu s'est choisi un peuple avec lequel il a fait une alliance privilégiée, une alliance de grâce et d'amour en vue de le sauver. En vertu de cette alliance, il s'est révélé à lui d'une manière intime, lui parlant d'homme à homme. Il lui a fait connaître son plan de salut en Jésus-Christ. Il l'a enveloppé de bénédictions extraordinaires. Il lui a fait voir des prodiges surprenants qui ont fait l'admiration des nations païennes. Il l'a délivré de tous ses ennemis. Il lui a montré une fidélité sans faille. Et lorsque le peuple s'égarait, il se montrait patient et le ramenait à la maison. Israël réussissait en toutes choses. Jamais peuple ne fut plus près du ciel que ce peuple. 


Et pourtant, jamais peuple au monde ne donnera l'exemple d'une plus grande infidélité. Il tuera les prophètes. Il sera idolâtre, apostat, sacrilège, inconstant. Il commettra des abominations souvent pires que celles des nations païennes. Il s'endurcira. Et lorsque son Messie viendra, plein de douceur et d'amour, les mains chargées de prodiges et de guérisons, il le crucifiera avec, à la bouche, cette affreuse malédiction : "Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !" 


Paul est malade de voir combien le destin de sa nation est un gâchis, un cauchemar. Il est malade de voir les gens de sa race s'endurcirent contre l'amour de Dieu et se damner. 

L'histoire d'Israël pose un sérieux problème qui amène nécessairement des questions, voire des objections contre Dieu. Quand quelque chose ne va pas dans notre vie on a tôt fait d'accuser Dieu. 


L'histoire d'Israël est l'histoire d'un fiasco. Alors on se pose des questions : Peut-être la promesse de Dieu n'était-elle pas assez claire, sinon le peuple n'en serait pas arrivé là ? Peut-être que sa grâce n'était pas assez efficace ? Si Israël n'a pas trouvé le chemin du salut, n'est-ce pas la preuve que la Parole de Dieu n'était pas certaine, et cela ne justifie-t-il pas en partie nos propres dérapages ? Si l'Évangile est une bonne nouvelle pour le monde entier, comment se fait-il que tant de gens ne l'acceptent pas ? Finalement, qui nous dit que la miséricorde de Dieu est grande et qu'il veut sérieusement le salut de tous ? 


Paul sent très bien que l'échec du plan de Dieu soulève des objections. 

Sa réponse est claire : 

      Il n'y a en Dieu aucune injustice car :

1° Il fait miséricorde à qui il fait miséricorde 
2° Donc, devant les grandes oeuvres de Dieu, humilions-nous et adorons, de peur que nous aussi nous connaissions le sort d'Israël.

La grande objection qui jaillit nécessairement devant le destin tragique d'Israël est la suivante : Le plan de Dieu a échoué. Il y a un grain de sable qui a tout bloqué. Qui nous dit que la miséricorde de Dieu est sérieuse ? Qui nous dit que les dés ne sont pas pipés ? Voyez ce qui s'est passé avec Jacob et Ésaü. Dieu n'a-t-il pas dit : l'aîné sera assujetti au plus jeune ? N'est-ce pas la preuve que tout est joué d'avance, et donc que Dieu est partial ? Il ne donne pas la même chance de salut à tous ? 

Paul répond :"Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l'injustice en Dieu ? Loin de là ! Car il dit à Moïse : je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde". 

Aux objections, Paul apporte la réponse de la miséricorde. Précisément dans l'histoire de Jacob et d'Ésaü, Dieu montre que sa miséricorde est sérieuse, réelle et efficace, et qu'elle a atteint le but fixé. 

Que prouve l'histoire de Jacob et d’Ésaü ? Même s'il est vrai qu'Ésaü a dilapidé son droit, comme cela avait été prédit, Dieu fait quand même jaillir sa miséricorde, montrant du même coup qu'elle ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, ni d'une faveur méritée, ni même d'un droit de naissance. Elle ne dépend que de sa divine volonté. En maintenant coûte que coûte sa miséricorde, malgré l'inconstance d'Ésaü ou la ruse de Jacob, Dieu montrait au monde entier que sa promesse de grâce est certaine, et qu'il ne permet à personne de déjouer son plan de salut. 

L'histoire d'Israël, depuis la naissance de Jacob jusqu'à la venue du Messie, et même en partant d'Abraham, est une formidable démonstration de l'extrême fidélité de Dieu dans sa volonté de faire grâce. Dieu sauve les pécheurs, non en vertu de leurs mérites ou de leurs bonnes dispositions, non plus en vertu d'une fantaisie céleste, mais uniquement par grâce, et cette grâce, il l'étend à tous. 

Et si les descendants de Jacob ont été bénis et ceux d'Ésaü maudits, c'est dans la mesure où les premiers sont restés fidèles à l'alliance de grâce, tandis que les seconds l'ont rejetée.

Précisons, pour que les choses soient claires, qu'Ésaü sera lui aussi, rattrapé par cette miséricorde. En effet, la Genèse nous montre comment, par la suite, il s'est réconcilié avec Jacob, comprenant après coup l'enjeu de la promesse faite à Jacob. 

La suite de l'histoire d'Israël nous montre que Dieu restera ferme dans sa miséricorde, malgré l'apostasie de la majorité du peuple. Ainsi, les événements montrent avec clarté que Dieu fait miséricorde a qui il a promis miséricorde. Il n'est pas une girouette. Il ne change pas d'opinion au gré d'une fantaisie céleste. Il ne permet à personne de s'opposer à son plan de grâce. Cela est infiniment consolant pour nous. 

Mais on pourrait encore objecter qu'on trouve dans la Bible des passages qui dérangent, comme celui-ci :  "J'obscurcirai l'intelligence de ce peuple pour qu'en voyant il ne voie point et en entendant il ne comprenne point". N'est-ce pas la preuve que Dieu ne veut pas le salut de tous ? Pharaon n'est-il pas l'exemple le plus frappant de ce que Dieu l'a suscité pour en faire un opposant ? Et s'il en fait un opposant, comment peut-il encore blâmer son incrédulité ? 

Justement, contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'histoire de Pharaon montre au plus haut point combien la miséricorde de Dieu est sérieuse, tant envers Israël qu'envers Pharaon. 

D'abord, il est faux de croire que Dieu voulait sa perte. Paul nous rappelle le récit :"Je t'ai suscité à dessein, pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre" 

Le texte ne dit pas : "je t'ai suscité pour te perdre". Selon l'ordre de Dieu, Pharaon devait laisser partir le peuple de l'alliance. Dans son entêtement à désobéir à l'ordre divin il pourra constater deux choses : Premièrement, Dieu ne permet à personne, pas même au grand Pharaon, la grande puissance mondiale de l'époque, de se mettre en travers de son plan d'amour envers ses bien-aimés. 

Deuxièmement, en lui envoyant les dix plaies, il donne au Pharaon l'occasion ultime de se repentir, de réfléchir à la formidable miséricorde divine, et d'être, lui aussi, sauvé. En effet, Dieu aurait pu briser Pharaon dès la première plaie. Mais envers lui aussi, il use de patience. 

Ce n'est qu'au bout de la cinquième plaie que Dieu punira la résistance du monarque en lui envoyant le châtiment irréversible de l'endurcissement. 

L'histoire de pharaon met donc en évidence deux vérités capitales. D'abord, que la miséricorde de Dieu est sérieuse. Personne ne peut l'entraver. Ensuite, que tout ce que Dieu veut, cela arrive nécessairement, tant lorsqu'il bénit que lorsqu'il punit. Car Dieu est Dieu. Cette leçon aussi, il faut la retenir très sérieusement. 

Ainsi donc, l'histoire de Jacob d'une part, et celle de Pharaon d'autre part montrent que Dieu fait miséricorde à qui il fait miséricorde. Cela vaut pour nous. Accueillons avec beaucoup de sérieux sa miséricorde qu'il nous présente dans l'Évangile et dans les sacrements. Qu'elle soit pour nous l'objet d'une très grande consolation. Ne gâchons jamais le temps de la grâce ! 

Après cette première leçon sur la miséricorde, Paul nous conduit à une autre leçon, celle de l'humilité. 


On peut toujours trouver contre Dieu des objections. La raison ne manque pas de le faire. Notre chair trouve souvent des occasions de se cabrer. Par exemple, pourquoi Dieu a-t-il permis le péché d'Adam, lui qui peut s'opposer à tout ? Pourquoi l'Évangile ne s'est par répandu à la même vitesse auprès de tous les peuples de la terre ? Pourquoi y a-t-il beaucoup d'appelés et peu d'élus ? Etc.


Paul sait très bien que par ces questions nous voulons escalader le ciel, échapper à notre Bible et sonder les profondeurs de Dieu. Et que, finalement, de question en question, nous voudrions trouver une logique satisfaisante, pas tellement pour mieux croire que pour échapper à la foi. Or la foi est confiance en la parole divine, même là où notre curiosité n'est pas satisfaite et où la Bible nous place devant des mystères. 


La Bible n'est pas le Quid. Et la foi ne consiste pas à avoir des réponses à tout. Voilà pourquoi Paul nous lance :

"O homme, qui es-tu pour contester avec Dieu" ? 

N'est-il pas vrai qu'avec nos objections nous ne sommes pas loin de penser qu'il y a en Dieu une part d'injustice ? Or, si cela était vrai, le capital confiance serait irrémédiablement endommagé. 


Mais qui sommes-nous pour juger Dieu et pour nourrir contre lui de méchants soupçons ? Qui sommes-nous pour juger ses actions, pour en apprécier la sagesse, pour en sonder la profondeur, pour en prévoir l'efficacité, la justesse, les tenants et les aboutissants ? Étais-tu là, à ses côtés, quand il a placé le soleil sur son orbite ? Étais-tu là, quand il a déployé le ciel et positionné les astres dans leur course perpétuelle ? Lui as-tu donné des conseils quand, de ses doigts, ont jailli la gazelle et le lion ? Lui as-tu donné des plans pour qu'il trouve des solutions au peuplement de la terre avec ses millions d'espèces, de variétés, de lois et de mystères ? Depuis quand le vase d'argile dit-il au potier : pourquoi m'as-tu fait ainsi ? 


Vous aurez compris que Paul nous place devant une leçon d'humilité qui fait mal, mais qui est incontournable. Quelle distance inouïe entre le Créateur et la créature ! 


Si Dieu osait nous parler le langage de sa science souveraine et absolue, personne au monde ne le comprendrait. Lorsqu'il nous révèle les mystères de son royaume, en s'abaissant jusqu'à parler notre langage avec nos mots et notre vocabulaire, c'est uniquement par condescendance, parce qu'il nous aime et nous parle comme le fait une maman qui explique à son enfant les choses de la vie. 


O homme, regarde-toi ? Qui es-tu pour oser interpeller Dieu d'égal à égal ? 


L'apôtre va plus loin. Il évoque d'une manière brutale l'infinie souveraineté de Dieu : le potier n'est-il pas libre de faire d'une même masse un vase d'un usage noble et un vase d'un usage moins honorable ? Cela veut dire, même sur le plan de la liberté souveraine de Dieu nous serions disqualifiés. Car qui sommes nous pour juger les actions de Dieu. Dieu serait en droit de se taire. Il n'a pas à nous rendre des comptes. Cela n'est-il pas déjà vrai quand il nous a donné la vie, le mouvement et l'être ? Il n'est pas non plus obligé de nous sauver. Cela ne veut pas dire qu'il fait n'importe quoi. Il est infiniment juste et saint dans toutes ses oeuvres. Tout est conforme à son infinie justice et sainteté. 

Paul nous conduit encore vers une autre raison de nous humilier. Il écrit :"Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, 23 et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire? "


L'apôtre semble nous dire : j'ai de quoi vous étonner au sujet de l'action de Dieu. Qui peut comprendre ce paradoxe : Dieu est en colère contre un monde pécheur destiné à la perdition. C'est logique. Pourtant, il use, envers ce monde perdu, d'une patience déroutante. Pourquoi ? Par fantaisie ? Certes non ! Mais parce qu'il veut manifester autre chose : Il use de patience afin que sa miséricorde sauve le plus grand nombre possible de pécheurs et qu'elle manifeste ainsi, au plus haut point, la richesse infinie du salut qu'il a préparé pour amener des pécheurs indignes et misérables à la gloire éternelle. 

Donc, qui peut reprocher à Dieu d'être patient, parce qu'il veut coûte que coûte sauver des hommes ? Personne ne voudrait perdre son temps avec des gens qui se damnent. Pourtant, Dieu le fait. Mieux même. Il a livré son Fils à la mort pour racheter ce qui était perdu ! Donc, si nous voulons discuter avec Dieu, c'est sur ce terrain-là. 


Il nous arrive d'avoir des contestations plein la tête, parfois même des questions dangereuses. Combien se sont égarés loin de la foi parce qu'ils n'arrêtaient pas de contester avec Dieu ! C'est vrai qu'il y a des mystères dans la Bible, des questions sans réponses. Paul nous dit comment nous devons gérer tout cela : Avec une grande humilité et une foi confiante. Car nous avons un Dieu infiniment juste et bon. Il veut sérieusement le salut de tous. Que sa miséricorde soit notre refuge et notre consolation jusqu'au jour où nous verrons le Seigneur face à face dans la gloire éternelle ! Amen. 

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.